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Chapitre-15 La Calotte de glace de Stikine

Article écrit par Jean Forteroche

Le 05/09/2018 à 14:40:58

Mais nous savons peu de chose tant que nous n’avons pas fait l’expérience de ce qu’il y a d’incontrôlable en nous. Parcourons les glaciers et les torrents, escaladons de dangereuses montagnes et laissons l’opinion prononcer ses interdictions.
John Muir, Les Montagnes de Californie.

Avez-vous remarqué la légère incurvation au coin de la bouche deSam II quand il vous regarde ? Cela signifie d’abord qu’il ne veut pas que vous l’appeliez Sam II et aussi qu’il a une jambe de bois à gauche et un crochet menaçant à droite et qu’il est prêt à vous tuer avec l’un ou l’autre s’il en a l’occasion. Le père est mis à l’écart. Ce qu’il dit habituellement dans ce genre de confrontation, c’est : « J’ai changé tes couches, petit morveux. » Mais ce n’est pas ce qu’il faudrait dire.
D’abord parce que ce n’est pas vrai (les mères changent neuf couches sur dix) et ensuite parce que cela rappelle immédiatement à Sam II ce qui le rend enragé, qu’il est petit alors que vous êtes grand, mais non, ce n’est pas ça, qu’il est faible alors que vous êtes puissant, mais non, ce n’est pas ça non plus, il est furieux d’être contingent alors que vous êtes
nécessaire, non, pas tout à fait, ce qui le rend malade c’est qu’il vous aimait et que vous n’y avez même pas fait attention.
Donald Barthelme, Le Père mort.

Mais nous savons peu de chose tant que nous n’avons pas fait l’expérience de ce qu’il y a d’incontrôlable en nous. Parcourons les glaciers et les torrents, escaladons de dangereuses montagnes et laissons l’opinion prononcer ses interdictions.
John Muir, Les Montagnes de Californie.

Avez-vous remarqué la légère incurvation au coin de la bouche deSam II quand il vous regarde ? Cela signifie d’abord qu’il ne veut pas que vous l’appeliez Sam II et aussi qu’il a une jambe de bois à gauche et un crochet menaçant à droite et qu’il est prêt à vous tuer avec l’un ou l’autre s’il en a l’occasion. Le père est mis à l’écart. Ce qu’il dit habituellement dans ce genre de confrontation, c’est : « J’ai changé tes couches, petit morveux. » Mais ce n’est pas ce qu’il faudrait dire.
D’abord parce que ce n’est pas vrai (les mères changent neuf couches sur dix) et ensuite parce que cela rappelle immédiatement à Sam II ce qui le rend enragé, qu’il est petit alors que vous êtes grand, mais non, ce n’est pas ça, qu’il est faible alors que vous êtes puissant, mais non, ce n’est pas ça non plus, il est furieux d’être contingent alors que vous êtes
nécessaire, non, pas tout à fait, ce qui le rend malade c’est qu’il vous aimait et que vous n’y avez même pas fait attention.
Donald Barthelme, Le Père mort.

Après être descendu du flanc du Devils Thumb, une neige abondante accompagnée de vents violents m’obligea à rester sous la tente pendant la plus grande partie des trois jours suivants. Les heures passaient lentement. Pour tenter de les faire passer plus vite, je fumai cigarette sur cigarette tant que ma provision le permit, et je lus. Quand je n’eus plus rien à lire, j’en fus réduit à étudier le dessin des renforts du plafond de la toile de tente. Je le fis pendant des heures, allongé sur le dos, tout en
menant avec moi-même un chaud débat : devrais-je redescendre jusqu’à la côte dès que le temps s’améliorerait, ou bien fallait-il attendre l’occasion d’entreprendre une nouvelle tentative ? En vérité, mon escapade sur la face nord m’avait secoué et je n’avais plus envie d’escalader le Thumb. Mais l’idée de retourner à Boulder sur cette défaite n’était pas non plus très attrayante. Je ne pouvais que trop facilement imaginer l’expression satisfaite de ceux qui – persuadés de mon échec dès le départ – viendraient m’exprimer leurs condoléances.

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