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Chapitre-11 Chesapeake

Article écrit par Jean Forteroche

Le 26/08/2018 à 17:34:35

Tout avait changé soudainement. Le ton, le climat moral ; on ne savait que penser, ni qui croire. C’était comme si on nous avait conduits par la main – tels de petits enfants – toute notre vie et que soudain nous nous retrouvions seuls ; il fallait apprendre à marcher par soi-même. Il n’y avait personne auprès de nous, ni parents ni quiconque dont nous respections le jugement. Dans une telle époque, on ressentait le besoin de se consacrer à un idéal – la vie, la vérité ou la beauté –, de lui obéir, au lieu de suivre les règles humaines qui avaient été mises au rebut. Nousdevions nous soumettre à un but ultime plus pleinement, avec moins de réserve que nous ne l’avions fait dans les jours paisibles et familiers de la vie passée, qui était maintenant abolie et avait disparu pour de bon.Boris Pasternak, Le Docteur Jivago.Passage souligné dans l’un des livres trouvés avec les affaires de ChrisMcCandless. On peut lire, écrit de sa main, dans la marge au-dessus du passage : « Besoin d’un but. »Samuel Walter McCandless, Jr., âgé de cinquante-six ans, est unhomme taciturne. Il porte la barbe, ses cheveux poivre et sel assez longs sont ramenés en arrière et dégagent son grand front. Grand, de stature solide, il porte des lunettes à monture métallique qui lui donnent l’aird’un professeur. Sept semaines après la découverte du corps de son fils enveloppé dans le sac de couchage bleu que Billie avait confectionné pourlui, Walt concentre son regard sur un voilier qui évolue devant la fenêtre de sa maison du front de mer. Contemplant sans expression la Chesapeake Bay, il pense à haute voix : « Comment se fait-il qu’un enfant qui a en lui tant de compassion puisse causer une telle douleur à ses parents ? »

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